TOUBABOUS

Cela nous permettait de profiter de l’extérieur de la villa, pour déjeuner par exemple, sans être agressés par les moustiques. Cela nous permettait aussi de gagner une pièce aérée et notre chat Maya pourrait profiter elle aussi de cette espace pour prendre un peu l’air sans se sauver.

Je demandais donc à une entreprise malienne d’exécuter les travaux.

Il y avait des travaux de maçonnerie, des travaux de menuiserie, et du bricolage, j’étais assez surpris car les employés étaient interchangeables, le menuisier devenait maçon, le couvreur devenait menuisier et le couvreur pouvait devenir maçon. Parfois,  un ouvrier venait au chantier et repartait aussitôt sans raison, et pendant quelques jours, personne ne travaillait sur le chantier !

Enfin presque sans raison, car j’avais appris que le chef de chantier ne les payait pas…

Les travaux ont duré quand même cinq semaines, mais la moustiquaire a quand même tenu le coup  jusqu’à notre départ !

Avec l’Aïd el Firt, célébrée un mois après le début du Ramadan, le Mawlid, fête du Maouloud commémorant la naissance du prophète, la Tabaski est célébrée avec ferveur par les maliens.

 C’est la fête de l’Aïd El-Kebir pour les arabophones, la fête du mouton pour les autres.

La Tabaski représente la plus importante fête du pays qui compte plus de 80% de musulmans.

La Tabaski est célébrée en souvenir du sacrifice du prophète Ibrahim.  Ce dernier avait déclaré à Dieu que s’il avait la chance d’avoir un fils malgré sa vieillesse, il serait prêt à le sacrifier pour lui. 

Ibrahim eut un fils.  Dieu lui demanda  de le sacrifier pour prouver sa soumission envers lui.  Au dernier moment, lorsqu’il allait réellement sacrifier son fils, Dieu constata que le prophète avait une foi inébranlable en lui et l’arrêta.  Il lui demanda de sacrifier un mouton à la place.  C’est donc en souvenir de cette preuve de foi en Dieu que les musulmans sacrifient un mouton chaque année, 70 jours après la fin du Ramadan, jeûne des musulmans.

L’obligation de sacrifier un mouton revient à chaque chef de famille, s’il en a les moyens. 

Après avoir égorgé la bête selon certains rituels religieux et après avoir récité des versets du coran, il est dit qu’on doit partager l’animal en trois parties :

On remet une partie aux plus pauvres, une autre partie est destinée aux amis et voisins et la dernière partie est pour la famille.

Cette fête se passe dans un cadre plutôt familial mais est aussi une occasion pour faire davantage connaissance avec ses voisins, on appelle cela le droit de voisinage.

Le mouton est tué le matin, puis, tout le monde mange et entame une succession de bénédictions de chaque membre de la famille, de chaque voisin, de chaque connaissance, pouvant durer 2 ou 3 jours...

Le Ramadan, c’est surtout le mouton, c’est ainsi que l’on  voit les uns et les autres, à pied, en moto, en voiture, traverser la ville les bras chargés de morceaux de moutons ou de plats emballés, quelques uns transportent les bêtes vivantes sur la mobylette, cela est particulièrement surprenant de voir les moutons passer leur tête au dessus du guidon de l’engin.

Et puis il y a les chargements de moutons ou de chèvres au dessus des sotramas, là aussi les bêtes sont acheminées dans des conditions particulières sur les toits des véhicules  supportant la chaleur et le stress.

Pendant tout un mois, tout le monde s’y prépare, et chose particulièrement étonnante :

Bamako est devenu le rendez-vous de tous les Peuls du pays !

Les moutons ont envahi les rues et la ville tout entière s’est peu à peu transformée en une immense bergerie.

Les moutons attendent ainsi leur heure, devant les maisons, voire dans les maisons....

La deuxième année, nous en avions un dans la cour de notre voisin, la pauvre bête a bêlé une semaine et puis....

Et partout, sur les bus, sur les mobylettes,  il y a les moutons, les pauvres bêtes sont trimballées comme des sacs, cela fait même pitié, les animaux, ici, ne reçoivent aucune considération.

Mais le pire, c’est l’abattage, vous pouvez vous imaginer des centaines de moutons égorgés à même le sol, les conditions d’abattage sont très locales ! 

Alors, quand vous essayez de faire la morale aux abatteurs afin que les bêtes soient tuées dans des conditions à peu près correctes, et que les bêtes n’aient pas à souffrir, ceux-ci vous répondent avec un grand sourire qu’elles ne souffrent pas car ils leur bandent les yeux et que la tradition les obligent à les abattre comme cela.